Dans l’archipel des Tonga avec René Heusey et son assistant lumière sur le tournage d’un des épisodes de la série “Carnets d’Expédition”. A l’époque (il y a à peine 10 ans) il s’agissait des révolutionnaires et “tous nouveaux” éclairages HDMI !
Définition
Sous l’eau, la vue c’est la vie, nous l’avons déjà dit. Mais dans le noir des profondeurs et plus encore dans le noir absolu des cavernes, l’usage de la lumière artificielle est nécessaire. Quoi de plus banal qu’une lampe de plongée ? Et pourtant…
Synonymes
Eclairage | Lumière | Puissance | Watt | Candela | Bougie
Entrée
Je vais vous parler d’un monde que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître : celui de l’éclairage sous-marin, en ces époques héroïques où on n’y voyait goutte…
Redondance oblige, on emmenait plusieurs de ces sources d’éclairage pour pallier à d’éventuelles mais très fréquentes pannes qui, sous terre, auraient été fatale. Avec l’autonomie en air respiré, la puissance et la durée de nos éclairages était en effet fondamentale. Il faut avoir progressé quelques temps, la main sur le fil, dans l’obscurité totale d’une galerie noyée pour comprendre ce que je veux dire… La puissance, on n’en parlait pas tant elle était ridicule (des ampoules à incandescence alimentées par des piles !) et comme tout le monde était logé à la même enseigne, seul comptait le nombre de lampes utilisées ensemble. Ce n’est qu’avec la généralisation des ampoules halogènes qu’on a commencé à comparer les puissances exprimées en “Watts”.
Lux fiat
Une valeur trompeuse puisque l’unité Watt (W) – d’après l’ingénieur James Watt – mesure la puissance P d’un composant électrique. Mais c’était utilisé comme standard pour deux mesures jusqu’alors proportionnelles : La consommation électrique de l’ampoule et donc la puissance de son éclairement lumineux. Sachant que ces ampoules avaient un rendement déplorable et qu’une grande partie de la puissance utilisée était dispersée en chaleur. C’était comme çà…
Puisqu’on nage dans les unités, il faut aussi évoquer le Lumen, le Candela, le Lux, sans parler du “foot candle“, “candle power” et autres “pied bougie” des anglo-saxons qui décidément font tout à l’envers…
Le Lumen indique la quantité de rayonnement visible à l’œil nu par seconde. C’est la norme actuelle des éclairage “LED”. Alors que le Candela englobe la quantité de lumière émise pour une direction quelconque. C’est une unité de mesure utilisée pour représenter une quantité d’éclairage, soit une intensité lumineuse. On dit parfois que le Candela est l’équivalent de l’intensité de lumière émise par une chandelle. C’est vrai, mais pas assez précis : de quel type de chandelle parle-t-on ? Pour quelle longueur de mèche, quelle type de cire ? Rien à cirer ? Moi non plus. On n’y comprends rien ? Je suis d’accord. De plus, Candela n’a rien à voir avec la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice qui, elle, était spécialisée dans les éclairages médiatiques…
Le Lux (Lx) est une unité de mesure plutôt utilisée pour les sources de lumière artificielles. Elle est directement en rapport avec la perception physiologique que l’on a de la lumière. Elle permet de quantifier la quantité de lumière visible reçue sur une surface donnée. 1 Lux = 1 Lumen sur une surface de 1 m². Ainsi dans les publicités de panneaux solaire pour lesquels la puissance fournie dépend de la quantité de lumière perçue. Cette unité peut aussi en effet être utilisée pour déterminer la valeur du rayonnement solaire global. La mesure d’un éclairement en Lux est réalisée par un Luxmètre, dont l’élément de détection est une photodiode avec la sensibilité spectrale semblable à celle de l’oeil humain “moyen”. Ca, c’est fait !
Lors d’une assez courte période de transition, les ampoules halogènes furent détrônées et remplacées par les ampoules HDMI plus fragiles et précieuses que le diamant sans en avoir sa résistance et qu’il fallait transporter à nos risques et périls, en dehors des phares, sécurité aérienne oblige…
Big Blue
On a alors vu apparaître une nouvelle génération d’éclairages sous-marin à base de diode “LED”. Considérées de prime abord comme des gadgets ou des jouets pour adulte, cette technologie a fini par accoucher de monstres de puissance pour des autonomies démentielles, la consommation de ce type de “lampe” étant jusqu’à dix fois moins importante que celle des ampoules à “incandescence” ou “halogène” avec un bien meilleur rendement, générant par exemple beaucoup moins de chaleur ce qui les rend utilisables en dehors de l’eau. Les phares halogènes de jadis, du poids d’une enclume, disposaient en effet également de la fonction “grille pain”…
Pour se faire une idée de l’équivalent en Watt de ces petits monstres, il suffit de diviser le nombre de lumens annoncés par 10. Ainsi, les petites amulettes BigBlue que j’ai en test en ce moment, qui affichent une puissance de 15000 lumens, représentent une équivalence halogène de 1500 W soit deux antiques et énormes phares Subatec associés ensembles, tels que ceux que nous emmenions pour tourner quelques séquences du film “l’Eau Noire” dans les siphons géants de Cocklebiddy Cave en Australie… L’impression de trimballer, à tous points de vue, un radiateur en fonte.
Quant à l’autonomie disponible aujourd’hui, ce n’est simplement pas comparable… Les minutes sont devenues des heures. Sans parler de la température de couleur (plus ou moins chaude) et de l’angle d’éclairement (pinceau large, pinceau étroit…) autant de facteurs qui influent grandement sur la “puissance” et l’autonomie finale de la lampe… Ces éclairages BigBlue sont importés en France par Custom Diving Systems de l’ami Yannig Charles.
Plat
Comme nous l’avons vu, bien avant l’arrivée des phares halogènes, nous ne disposions pour explorer les siphons que de chiches lampes à piles d’à peine quelques watts, notament l’emblématique “Aquaflash” jaune qui s’allumait en vissant sa tête sur un pas de vis noyé de graisse silicone. Opération compliquée voire impossible en profondeur à cause de la pression. Nous emmenions pourtant à minima un casque avec deux de ces lampes allumées, et une autre éteinte, en secours, fixée à l’avant bras.
Clignotants lumignons
C’est dans cet accoutrement que j’ai plongé pendant 9h 30 et atteint le terminus du Trou Madame dans le Lot. Sauf que cela faisait des centaines de mètres que j’avais du renoncer à l’usage d’une de mes lampes frontales qui s’était éteinte (un des coutumiers “faux contacts”) et voilà que la deuxième se mettait à clignoter, selon la position de ma tête, tandis que j’inventoriais l’empilement de briquettes de roches noires de la trémie terminale du siphon 9…
Je pourrais remplir des livres de ces conquêtes sur l’obscurité, seulement armés de ces “lampes de poche” à piles, mouvantes lueurs dans la nuit éternelle. Encore aurait-il fallu raconter la fois où mon frère Eric, me croisant à moins soixante mètres dans les puits du grand goul de Tourne en Ardèche pendant ma pointe à -97 m à l’air, m’avait signifié avec son doigt vrillé sur le casque que j’étais fou : je remontais, collé à la paroi, dans l’improbable luminosité orange des filaments de mes frontales, signe certain d’accus déchargés !
Dessert
Les premiers siphons ont été franchi (en 1922) par Norbert Casteret qui plongeait nu et dans le noir complet, dans les eaux à huit degrés des grottes pyrénéennes !
Plus tard, il passera les premiers verrous liquides avec des bougies et des allumettes roulées dans un bonnet de bain. On l’imagine aisément, en première, nu et grelottant dans la lueur tremblotante de la bougie mouillée sujette aux courants d’air… Avant de découvrir les fameuses statues d’argile dans la grotte de Montespan.
Enfin, avec son fils Raoul il poursuivra ses incursions sous-marines en utilisant cette fois en guise de fil d’Ariane des branches de saule liées bout à bout. L’éclairage sera constitué d’une lampe électrique allumée enfermée dans un bocal de conserve en verre…
Des lampes à pétrole sous l’eau !
Dans la même veine, les lampes des premiers scaphandriers fonctionnaient à pétrole, suspendues sur le chantier sous-marin de renflouement depuis la surface et reliées à la surface par deux tuyaux, l’un branché sur une petite pompe à air et l’autre permettant l’évacuation des gaz brûlés. Une autre plus petite lampe à pétrole était parfois connectée au régulateur dorsal du scaphandrier pour son alimentation en air comprimé.
C’est en 1865 que Rouquayrol et Denayrouze expérimentent l’énergie électrique pour l’éclairage sous-marin, malgré l’usure rapide des charbons qui servaient à générer un arc éclairant. Mais ils savent que c’est l’avenir… Les premiers modèles voient le jour avec leur robuste look “steampunk”. Par exemple, cette lourde lampe à piles, réalisée en bronze, qui date des années 1950.
A très bientôt pour une nouvelle définition du Scuba Bécédaire. Le lexique irrévérencieux de la plongée, mais pas seulement. Parce que des fois…
Francis Le Guen
Café
Quelques éléments à prendre en compte pour choisir un phare de plongée.