Une immersion au cœur de la Papouasie Occidentale, magnifique province de l’Indonésie, ne laisse personne indifférent. Il est fort probable que ce soit l’un des plus beaux chefs-d’œuvre que notre planète Terre puisse offrir ! Raja Ampat se caractérise par d’innombrables îles et îlots parsemés dans un océan débordant de vie et de couleurs. La succession des rencontres et des émerveillements émanant de cet Eden m’ont inspiré cette formule suivante, qui selon moi est la plus juste et la plus concise pour décrire ce lieu : Raja Ampat, un arc-en-ciel de bio-diversité !
Raja Ampat, terme signifiant “Les Quatre Rois” en indonésien est un archipel composé de quatre îles principales : Waigeo, Batanta, Salawati, Misool et quelques six cents îlots au décor paradisiaque, situées en Papouasie Occidentale, à l’Est de Sorong. Raja Ampat, se caractérisent par plusieurs décors singuliers qui se côtoient, parfois à quelques coups de palmes les uns des autres, parfois séparés de plusieurs miles nautiques. Chaque lieu exploré semble être un Eden haut en couleur où l’homme n’a pas encore eu le temps de poser son empreinte. Espérons qu’il ne le fera jamais !
Le Tidak Apa’Pa, charmant petit bateau traditionnel indonésien, cent pour cent en bois, sera mon refuge pour les dix jours du périple. Avec sa forme caractéristique, en banane, ses deux mâts et ses sept voiles, ce Pinisi de vingt mètres de long et cinq mètres de large peut accueillir huit personnes au maximum. Ainsi, le Tidak Apa’Pa offre un séjour intimiste en comité restreint. Rien de comparable avec les autres liveaboards de vingt à trente touristes. A bord du Tidak Apa’Pa ce qui vous est proposé est quasiment du sur-mesure !
Les propriétaires du Tidak Apa’Pa, Ariane et Ludovic sont des amoureux du milieu marin. Ils vous guideront avec enthousiasme et passion tout au long de la croisière. Le Tidak Apa’Pa est à ce jour le seul bateau de croisière Recycleur Friendly ! Quoi de mieux que la plongée en recycleur pour profiter au maximum des décors sous-marins et de la faune de Raja Ampat ! Petit détail : chaque plongée est illimitée en temps ! Seule votre consommation vous limitera contrairement aux autres bateaux où les plongées ne dépassent pas soixante minutes, voire même quarante-cinq minutes pour certains. Avec quatre plongées par jour, ce n’est pas moins de six heures d’immersion en recycleur que nous effectuions quotidiennement avec Ludovic. De quoi profiter un maximum de cette destination plongée hors normes !
Pour les amoureux de la photographie, Ludovic grand passionné de photo sous-marine, est sans conteste le guide rêvé ! Fort de ses années d’expérience et de sa passion pour la biodiversité sous-marine, il trouve avec aisance les plus rares mais aussi les sujets les plus emblématiques de Raja Ampat. Nul besoin de livre pour l’identification de vos sujets photographiés, Ludovic connaît tous les noms scientifiques de mémoire ! J’ai essayé de le coller à plusieurs reprises mais je n’y suis jamais parvenu.
Dix jours, c’est le strict minimum requis pour juste entrevoir les richesses sous-marines de Raja Ampat. Au départ de Sorong, la croisière commence par une nuit de navigation pour rejoindre Misool, l’une des quatre principales îles de Raja Ampat. L’arrivée sur les sites de plongée se fit à l’aube, au moment où les premières lueurs du soleil extirpent les nombreux îlots de la nuit. Depuis le pont du bateau, le cadre est déjà absolument magnifique. Les innombrables chapelets d’îles aux tailles diverses parsemés çà et là par la nature impose au Tidak Apa’Pa une navigation lente et sinueuse. Les îlots aux multiples formes façonnées par les éléments au gré du temps, mettent votre imagination en effervescence. Les premières immersions dans les eaux colorées et luxuriantes de Misool vous transportent instantanément dans un univers où l’abondance de vie et la biodiversité sont en parfait accord. Les particularités les plus singulières de Raja Ampat, qui caractérisent par la même occasion cette destination, sont l’extrême richesse et l’extraordinaire diversité affleurant à la surface de l’eau. Recouverte et protégée par un mince manteau translucide, c’est seulement à quelques centimètres sous la surface que s’amorce une exceptionnelle explosion de couleurs et de vie. Pour les photographes sous-marins équipé en reflex, la décision de configurer le matériel en macro photographie ou en grand angle est cornélienne ! Chaque plongée offre la possibilité de réaliser des clichés d’exemption quelle que soit la configuration choisie. Toutefois certains spots se prêtent plus que d’autres à la photo macro ou d’ambiance. C’est le cas par exemple des sites de plongée Magic Mountain et Four Kings qui offrent des reef scapes (point de vue sous-marin) absolument époustouflants !
Magic Mountain fut l’un des premiers sites de plongée du périple. Les yeux et l’esprit étaient déjà émerveillés par la richesse et la beauté des précédentes immersions où furent aperçus entre autres quelques hippocampes pygmées et crevettes colorées aux formes diverses. Là, des nuages de poissons composés de milliers d’individus ainsi que de splendides décors subaquatiques, flirtaient et jouaient avec le reflet de la surface. A ce moment-là, je ne m’attendais pas une seconde à assister au spectacle qui allait s’offrir à nous. A peine deux minutes d’immersion et nous apercevions une raie Manta de récif planer entre deux eaux. En prêtant un peu plus attention, nous pouvions vaguement distinguer d’autres formes sombres en limite de visibilité. En fait, ce n’était pas une mais bien huit raies Manta (Mobula alfreidi) qui nageaient autour de nous. Le spectacle était absolument féérique et pourtant ce n’était pas la première fois que je voyais des raies Manta. La magie de cet instant était aussi due au décor dans lequel évoluent ces géantes des mers : un récif débordant de vie et de couleur où anthias, bancs de carangues et de platax se frayent un chemin dans le ballet incessant des Mantas. La présence des mérous patate et des napoléons n’était pas anecdotique pour autant. Cependant, une raie Manta était différente de ses congénères de par son ventre bien rebondi et ses nageoires céphaliques irritées jusqu’au sang. Pas de doute, cette raie allait bientôt mettre bas ! Cette future mère était suivie par de nombreux mâles.
Il était inconcevable de ne plonger qu’une seule fois sur un spot aussi fantastique que Magic Mountain ! Alors nous ne nous sommes pas fait prier pour y retourner le lendemain sensiblement à la même heure en fin d’après-midi vers seize heures. Les raies Manta allaient-elles nous offrir un nouveau ballet ? Rien n’était moins sûr ! Après quelques minutes à évoluer au milieu des platax et autres poissons tropicaux, le ciel se couvrit soudainement et la luminosité chuta brutalement ! Un nuage cachait-il le soleil ? Non ! Sortie de nulle part, une raie Manta océanique (Manta birostris) glissant entre deux eaux venait obstruer le soleil. Elle était d’une taille gigantesque, bien plus grande que les raies Manta de récif de la veille qui faisaient déjà quatre mètres cinquante d’envergure. Celle-ci devait dépasser les six mètres. Nous étions ébahis par sa nage majestueuse et sa taille hors norme. Notre présence ne semblait clairement pas l’inquiéter ou la déranger lors de ses nombreux passages. Nous restions immobiles au plus près du récif, avec nos recycleurs sans bulles nous devenions alors presque invisibles. C’est la magie que procure la plongée en recycleur qui permet d’observer et de contempler ce monde sous-marin tel qu’il agit et interagit sans la présence de l’homme. C’est ainsi que j’ai pu réaliser quelques photographies de cette majestueuse Manta au plus près du récif et de ses habitants à nageoires. Incontestablement, les plongées sur Magic Mountain ont leur place dans le top dix des plus belles plongées de ma vie !
Four Kings est assurément un des spots les plus hallucinants de Misool. Affectionnant particulièrement moi-même la photo d’ambiance sous-marine, je peux dire que le spot de Four Kings satisfera les plus exigeants des plongeurs photographes. Le spot est composé de quatre formations rocheuses (d’où son nom Four Kings) dont les bases sont à environ cinquante mètres de profondeur et dont les sommets culminent entre trente et cinq mètres sous la surface. Une fois la bascule arrière effectuée, le chapelet de bulles laisse peu à peu place à des nuages d’alevins composé de milliers d’individus nageant, virevoltant autour des tombants et des patates de corail. Des carangues bleues en embuscade pénètrent telles des torpilles dans les bancs de glass fish. Les mouvements synchronisés et harmonieux des alevins face aux incessantes attaques des carnassiers créent l’un des plus magnifiques ballets aquatiques qu’il soit. Vers les cinquante mètres de profondeur, les bancs de bécunes et de barracudas de plusieurs centaines d’individus viennent à la rencontre des plongeurs. En remontant tranquillement le long des Quatre Rois, les anfractuosités du récif se parent de mille couleurs au passage de nos lampes. Rouge, jaune, magenta, vert, turquoise, orange et j’en passe, l’ensemble du spectre des couleurs de l’arc-en-ciel est peint sur ce récif par le plus grand des artistes : la Nature. Cette explosion de couleurs est due à l’impressionnante abondance corallienne, à la diversité des gorgones, des alcyonaires et autres coraux mous qui colonisent la moindre surface rocheuse. Un vrai régal pour les yeux, mais aussi pour les capteurs des appareils photos. L’abondance de vie et de couleurs est telle que l’on ne sait plus où et quoi regarder ou photographier, à tel point que nous y sommes retournés le lendemain. A la fin de chaque plongée sur Four Kings, un sourire caractéristique apparaît sur le visage de ses visiteurs dès leur sortie de l’eau ! Le perpétuel spectacle sous-marin offert par ce « temple » de la plongée restera à jamais gravé dans la mémoire des plongeurs.
Entre ces fabuleuses plongées aux ambiances sous-marines exceptionnelles, les emblématiques spots d’Andiamo, Candi Store, Yelit, Tank Rock, Whale rock Dunia Kecil quant à eux sont d’extraordinaires terrains de chasse pour les amateurs de macro-photographie. La recherche des hippocampes pygmée parfaitement camouflés dans leur gorgone est un véritable défi. Leur mimétisme est si parfait qu’il faut un œil averti pour réussir à les distinguer des ramifications gorgones. Raja Ampat et tout particulièrement la région de Misool possède trois espèces d’hippocampes pygmées : hippocampe de Bargibant (Hippocampus Bargibanti), hippocampe Denise (Hippocampus Denise) et hippocampe pygmée de Noël qui est une espèce endémique de l’île de Misool ! L’impressionnant panache de crinoïdes aux multiples couleurs s’agrippant sur les gorgones et tous les substrats possibles présents sur les sites de plongée sont autant de refuges pour les crustacés symbiotiques. C’est le cas de cette crevette commensale des crinoïdes (Laomenes sp) PHOTO, ce crabe élégant des crinoïdes (Allogalathea elegan) PHOTO, cette Galathée baba des crinoïdes (Allogalathea baba) PHOTO et bien d’autres sujets qui ne demandent qu’à être photographiés. Même les alcyonaires font office de refuge pour les crabes décorateurs et autres petits crustacés à la recherche de nourriture, comme par exemple ce crabe Orang Outang jaune (Oncinopus aranea) PHOTO ou ce petit crabe des coraux mous épineux (Lissoporcellana sp) PHOTO.
A l’ouest de Misool, situé non loin de l’unique port de l’île, un mystérieux Blue Hole connu seulement des locaux demeure dissimulé à quelques mètres de profondeur. Comme son nom l’indique, cette formation se caractérise par un trou coloré d’un bleu sombre tirant plutôt vers le noir. L’entrée du blue hole, étant à une profondeur de douze mètres, le rend difficilement visible à quiconque se trouvant hors de l’eau. Les dolines noyées sont des formations karstiques issues de l’érosion des formations géologiques carbonatées. Ce lieu était auparavant à l’air libre, certainement durant l’ère géologique du pléistocène. L’action des éléments (pluie, vent, rivière, etc…) a créé ce trou au fil des millénaires. Pénétrer dans ces lieux est en quelque sorte un voyage dans le temps. Depuis son entrée à douze mètres jusqu’à quarante-cinq mètres de profondeur, la galerie est verticale. D’un diamètre d’environ dix mètres, l’ambiance y est extraordinaire. Ici, pas ou peu de faune à contempler, c’est l’aspect géologique et minéral qui s’impose à nos sens et à notre imagination. A partir de quarante-cinq mètres de profondeur, la galerie devient oblique jusqu’au fond du tunnel immergé à soixante-quatre mètres de profondeur. Là, la lumière est quasiment absente, mais cela n’empêche pas quelques organismes vivants de prospérer tant bien que mal sur les parois de calcaire.
Le Tidak Apa’Pa lève l’ancre et navigue en longeant l’île de Misool pour nous amener vers un autre site haut en couleurs de Raja Ampat mais aussi l’un des plus singuliers de Misool, un site mythique dont je rêvais secrètement depuis de nombreuses années. Un endroit atypique comme il en existe très peu dans ce monde ! Cet endroit, c’est le Lenmakana Lake ou Lac des Méduses. Ce lac est comme emprisonné à l’intérieur d’un des nombreux îlots composant l’archipel de Misool. De l’extérieur, rien ne laisse deviner ce qui se passe derrière les imposants remparts abrupts. C’est certainement l’une des raisons qui explique la découverte tardive de ce lac au début des années 2010. Ce réservoir est à la fois une prison et un Éden pour ces méduses. Une prison car il les confine dans un endroit minuscule et restreint comparé à l’immensité de l’océan. Mais aussi un Éden, car il les protège des prédateurs et des autres organismes qui pourraient entrer en compétition avec elles. L’accès pour atteindre le lac est relativement court et plus ou moins facile d’accès, sauf quand on porte appareil photo, caisson et flash sous-marins pesant près de quinze kilos. L’ascension à l’aide de cordes fut périlleuse pour le matériel. Mais le jeu en valait la chandelle. Arrivé en haut du rempart, le lac se laisse entrevoir au travers de la végétation. Je distingue déjà des centaines, non, des milliers de petites méduses à sa surface. Pas de doute, on est au bon endroit. Arrivé au bord de l’eau, c’est sans attendre que je m’immerge …. sans palme! Oui, afin d’éviter les potentiels dégâts causés à ces petites méduses, les palmes sont interdites dans le lac. Les méduses, Mastigias papua de leur nom scientifique se comptent par centaines où que vous regardiez. Mais il semblerait qu’elles se concentrent plus en surface là où le soleil est présent. Elles sont beaucoup moins denses dans les zones d’ombres. Peut-être ont-elles besoin de la chaleur du soleil ? Pendant presqu’une heure, j’ai complètement vidé la batterie de mes flashs à la recherche de la composition idéale. Quoi qu’il en soit, nager au milieu de ces magnifiques petites méduses, heureusement non urticantes, restera l’un des meilleurs souvenirs de ce voyage.
Non loin du Lenmakana Lake, nous profitons du paysage en navigant avec l’annexe du Tidak Apa’Pa dans les méandres formés par les îlots. Certains endroits semblent être des petits fragments de paradis sur terre. Des minuscules lagons protégés par des falaises verticales de cent mètres de haut sont dissimulés au tourisme de masse. Le sable blanc et les jardins de coraux affleurant la surface de l’eau entourant chaque îlot reflètent la lumière. Le contraste saisissant avec le bleu profond des tombants accentue le relief de cette scène qui semble presque irréelle.
Non loin de ce magnifique endroit où le corail côtoie la verdure des îlots, les flots agités autour d’une pointe rocheuse dissimulent jalousement l’entrée d’une grotte immergée se situant à quelques mètres sous la surface. Un banc de poisson hachette monte la garde devant l’entrée de cette grotte sous-marine. A l’intérieur, cette cavité n’est pas totalement immergée. Une grande salle faisant plusieurs mètres de hauteur laisse entrevoir l’intérieur de l’îlot. Des stalactites en forme de colonnes tombent de la voûte. Leurs extrémités se prolongent sous l’eau telle une cathédrale bâtie par l’érosion et le temps.
A peine sortie de cette grotte sous-marine, nous regagnons notre embarcation pour une nuit de navigation vers Batanta où débutera la seconde partie de la croisière. C’est avec nostalgie que nous nous éloignons de Misool et de ses trésors.
Au petit matin, nous arrivons tout près du site de plongée Melyssa Garden dont la réputation nous promet de somptueux décors aquatiques. Melyssa Garden est l’un des nombreux récifs frangeants qui entourent les îles de Raja Ampat. On les compte par centaine, mais celui-ci a quelque chose d’exceptionnel. La couverture corallienne de ce récif est absolument remarquable à plusieurs titres. Les colonies d’acropora à perte de vue sont en excellente santé. A ma connaissance, leur taille gigantesque a peu d’équivalent. Ce spot offre une multitude d’abris pour les petits poissons de récif qui y trouvent refuge. Les couleurs exposées par les coraux sont comme des peintures de maîtres. Devant ce fabuleux banquet à ciel ouvert, les perroquets à bosses s’en donnent à cœur joie. Cerné par des « coraux bois de cerf », un bénitier géant d’environ un mètre cinquante de longueur est très certainement le doyen des lieux.
A la sortie de l’eau, nous profitons de l’intervalle surface pour admirer Pianiamo, le point de vue emblématique de Raja Ampat : Citrus Bridge. Il s’agit d’un des spots les plus emblématiques de Raja centre et assurément l’un des plus magnifiques. Au cours de la plongée ce n’est pas moins de quatre Wobbegong, le symbolique requin Tapis Barbu (Eucrossorhinus dasypogon) de Raja Ampat que nous avons eu la chance de croiser, dont un en pleine eau. Sa nage lente et fluide nous a incités à le suivre pendant plusieurs minutes. Soudain, il sembla vouloir se poser près d’une patate de corail. C’est ainsi qu’il nous a amenés auprès de l’un de ses congénères : une femelle Wobbegong probablement courtisée. En fin de plongée, c’est aux bords de la mangrove de Citrus Bridge que nous effectuons nos paliers. Je dois avouer que des paliers dans un endroit comme celui-ci valent le détour et croyez-moi vous ne compterez pas les minutes ! Situé à l’intersection du milieu terrestre et récifal, les mangroves font office de trait d’union reliant deux univers totalement distincts. Le mariage du récif et de la végétation de la mangrove est absolument époustouflant. Chaque élément de cet écosystème a un rôle à jouer pour maintenir ce fragile équilibre et cette douce harmonie dont seule la Nature détient le secret. Dans une eau parfaitement claire, les coraux et les petits poissons de récif côtoient les racines, les branches et les feuilles des palétuviers. En regardant vers le haut, on peut apercevoir des orphies qui nagent sous la surface lisse de l’eau nous donnant l’impression de voler dans le ciel et les branches des arbres. Au détour d’une racine, un banc de poissons apogon nage paisiblement dans cet Éden pour alevins. Je pourrais passer une journée entière à contempler et photographier cet extraordinaire endroit.
Magnifique récif frangeant, Sawandarek est un spot de plongée accessible depuis le rivage. Une plage de sable blanc sépare le village des eaux turquoise. Les enfants jouent dans les remous des petites vagues. Un ponton traditionnel en bois qui fait office de débarcadère pour les touristes et les villageois devient un refuge pour toutes sortes d’animaux aquatiques. Sous la surface, c’est une explosion de biodiversité, de couleurs et d’abondance qui se trouve à seulement quelques mètres de la plage. L’équilibre entre présence humaine et faune sous-marine semble avoir été trouvé ici. C’est un véritable espoir et un modèle à suivre !
Qu’il soit en banc ou solitaire, le ponton abrite une multitude de poissons. Les coraux tabulaires et les coraux mous ont colonisé les pieux du débarcadère. En parfaite harmonie, la vie sauvage reprend gentiment ses droits sur les constructions humaines. Le récif frangeant d’une extrême variété est le parfait exemple d’un biotope corallien prospère en très bonne santé. Les coraux de toutes sortes abritent des nuages denses de glassfish. Quelques tortues vertes (Chélonia mydas) broutent paisiblement les minuscules algues poussant au milieu des colonies de coraux. Les tortues imbriquées (non scientifique) quant à elles s’attaquent aux éponges et aux méduses qui vagabondent dans ces eaux poissonneuses. A quelques mètres de là, escortée par ses fidèles carangues royales d’un jaune vif, une loche géante (Eupinéfreus lancerais) avoisinant les deux mètres de longueur se repose dans une des nombreuses crevasses du récif. Quelques dizaines de mètres plus au nord, un bénitier géant (nom scientifique), dont les lèvres sont ornées d’un manteau aux magnifiques couleurs, impose le respect par sa simple présence.
Le légendaire banc de gaterins de Cape Kri est un incontournable de Raja Ampat. Proche de la pointe du cap, sur un fond sableux à environ trente-cinq mètres de profondeur, le banc de gaterins se laisse facilement trouver. Il faut dire que ces poissons restent toujours au même endroit. La plongée en recycleur autorise de longues minutes à cette profondeur sans avoir trop de palier de décompression. C’est vraiment un formidable atout pour profiter au mieux de ce banc de poissons si particulier. Lors de notre arrivée, le banc était scindé en deux. Il nous a fallu quelques minutes pour les regrouper tous ensemble. Deux variétés de gaterins sont présentes dans cette boule massive et compacte. Le gaterin à ligne (Plectorhinchus lineatus) et le gaterin (Plectorhinchus polytaenia). Cependant la majorité des individus du groupe sont des gaterins. Cette formation a pour objectif de paraître plus gros et de simuler un seul individu pour dissuader les prédateurs de s’attaquer au banc. On comprend aisément l’efficacité de cette technique quand on compare la masse et le volume du banc fasse au plongeur. Quel requin ou autre mérou oserait s’attaquer à un individu aussi imposant que cela ? Au-dessus des gaterins, un autre banc de poissons est en formation, ce sont des vivaneaux pagaie (Lutjanus gibbus) d’un rouge vif qui contraste avec le bleu profond. Ces magnifiques poissons nous ont occupés plus de quarante minutes à trente-cinq mètres de profondeur. La remontée le long du récif s’effectue aussi en compagnie d’autres bancs de poissons, comme les naso. Un requin corail dormant derrière une patate de corail se fait surprendre par des plongeurs sans bulle
Article de Gabriel Barathieu, Gabriel est un photographe accompli qui a remporté de nombreux prix de photographie avec des clichés de baleines ou bien des mi-eau mi-terre incroyable. Depuis quelques années il c’est installé à Mayotte où il explore les grand fonds de la region. Vous pouvez retrouver son travail sur son site et pourquoi pas commandé une photo pour décorer votre maison ou bureau.