Définition
Gilet de stabilisation en forme d’aile de papillon (un gros bombyx) assujetti directement aux blocs de plongée ou à la plaque reliant ceux-ci. Il existe également un modèle rond, qualifié de “Donut Wing” mais çà fait grossir !
Synonymes
Stab, Bouée d’équilibrage, Gilet stabilisateur.
Entrée
Désolé pour cet anglicisme mais il semble bien qu’avec “Waterproof” il n’existe pas d’autre terme français se rapportant à la plongée commençant par un W. Si vous en trouvez un, vous avez gagné ! Ce sera donc Wing.
En effet, s’il est un problème récurent auquel sont confrontés les plongeurs petits et grands, c’est bien celui de la stabilisation. Trop léger, trop lourd… Tout çà parce que ce con d’Archimède avait pris l’habitude de réfléchir dans son bain ! Ce Monsieur avait des principes… S’il avait pris sa douche, on en serait pas là ! Vous connaissez : Tout corps plongé dans un liquide remonte rarement… et cætera.
Je n’apprendrais rien à la majorité des lecteurs de Scuba People mais pensons aux néophytes qui ignorent que sous l’eau on a tendance à couler mais aussi à remonter. Qu’on a besoin de plombs pour compenser la flottabilité du vêtement de plongée. Mais que l’épaisseur de la combinaison diminue en profondeur, s’écrasant avec la pression, transformant parfois le plongeur en enclume. Et qu’il faut donc un système de bouée gonflable pour compenser les variations de flottabilité. Qu’enfin, l’air qu’on expire a un poids et qu’il arrive souvent qu’en fin de plongée on soit trop léger au point de ne pouvoir tenir le palier de décompression, attirés comme des bouchons (plongés dans un liquide) vers la surface ! Galère…
Plat
Quand j’ai commencé à plonger, il n’existait qu’un système de stabilisation : nos propres poumons ! Enfin propres, plus ou moins encrassés de goudron… La fameuse technique dite du “poumon ballast” qui consiste à se remplir les bronches quand on veut monter et à les vider quand on veut descendre. Tout en respirant, à l’occasion. Simple et redoutablement efficace sauf en recycleur où, par définition… Bref inutile de souffler comme un veau dans le “faux poumon” pour tenter d’enrayer une brusque remontée ; la solution étant de souffler par le nez, à travers le masque mais n’entrons pas dans les détails scabreux…
Poumon ballast donc, en standard chez tous les plongeurs. Une technique qui, au passage, me semble de moins en moins enseignée, comprise et pratiquée, engoncés que nous sommes dans des vêtements étanches à triple parois et autant de systèmes de stabilisation “semi automatiques”. Car, au départ comme nous le verrons plus bas, les “bouées de stabilisation” n’en étaient pas : elles avaient été conçues uniquement pour la remontée du plongeur en urgence d’où leur nom de “PA, parachute ascensionnel”. Alors pour la progression en galerie avec les lourds “bi corailleur” elles étaient souvent gonflées plus que de raison ; et on avait vite la tête enflée ; on était jeunes ; on s’en foutait !
Un saucisson ballasté…
En spéléo nous avions introduit dans les années 70 le concept des “bouteilles relais” : des bouteilles de 12 litres que nous déposions en différents endroits du siphon pour les retrouver au retour. Nous les trimballions comme nous pouvions : à la main, accrochées aux sanglages (les suisses utilisaient même des sandows) et c’était particulièrement inconfortable et lourd. C’est ainsi que lors d’une pointe à la source de Landenouze dans le Lot, nous avions eu l’idée de barder une 12 l d’une bouée collerette “Spiro”, tenue en place par une dizaine d’anneaux de chambre à air. Il suffisait de jouer avec l’inflateur (buccal) et la purge pour obtenir un saucisson parfaitement équilibré dans l’eau ! Une bouée collerette par bouteille relais…
Le Graal de la stabilisation n’était pas encore atteint. On assista alors à une différentiation des espèces, la bouée donnant simultanément naissance à la “stabilizing jacket” d’une part et aux “Wings” d’autre part, dès 1975 aux USA (le “direct system” fut lancé sur le marché par Scubapro en 1971). Lors de mes deux longs séjours en Floride en 1984 j’ai eu souvent l’occasion de plonger avec ces systèmes considérés comme exotiques en France… Sheck Exley m’avait même montré les croquis d’un modèle qu’il développait et qui ressemblait en tous points à un parachute ventral : il s’agissait de flotter dessus en parfait équilibre et de progresser en “frog kick” pour franchir les passages étroits sans soulever les sédiments…
C’est donc avec des Wings flambant neuves que nous avions réalisé les plongées profondes dans Wakulla Springs et les photos du reportage au milieu des poissons-alligators…
Moins neuve était celle qui allait me mettre en difficulté lors de la plongée suivante et il me faut ici ouvrir une parenthèse. Sheck fut probablement le plus grand plongeur spéléo de tous les temps. Ses performances remarquables et ses explorations exceptionnelles firent date avant sa tragique disparition lors d’une tentative de plongée à -300 m dans le cenote Zacaton au Mexique. Formidable plongeur mais paradoxalement fort peu soigneux du matériel. Ainsi, à l’ouverture des portes arrières de son Van, on avait de la chance si on ne recevait pas un bi 2×18 litres sur les pieds mais on était sûr d’avoir à démêler un écheveau de détendeurs et flexibles qui montait jusqu’au genou !
Vertiges…
Nous étions ce jour là devant Die Polder II, une extraordinaire cavité que bien peu ont eu la chance de visiter… Dale Sweet, le premier à avoir tenté des plongées à l’hélium sous terre et qui avait avancé le plus loin dans la source, m’aidait à reconstituer un équipement parmi les “pièces détachées” de Sheck tout en secouant périodiquement la tête d’un air désolé…
Nous voilà prêts et on me fait l’honneur de plonger en tête. La source ne paye pas de mine : un petit marécage peu profond mais zébré en son centre par une faille étroite. Je m’enfonce les palmes en avant, Dale me suit et Sheck ferme la marche. Le boyau est si étroit qu’il n’est pas possible de se faire face… -15 m, -20 m… Je gonfle régulièrement la Wing avec le direct system mais je ressens bientôt une gène sur laquelle je n’arrive pas à mettre un nom : je pars littéralement en vrille, comme si on me vissait vers le haut. Je progresse de quelques mètres encore jusqu’à un élargissement où Dale peut venir face à moi. Et je le vois de nouveau faire “non” de la tête avec son air consterné tandis qu’il s’affaire sur ma Wing. En raison du mauvais état de l’enveloppe, l’une des vessies est sortie et se promène au dessus de ma tête, ce qui rend ma stabilisation impossible ! Réparation de fortune avec un bout de fil d’Ariane et un mousqueton et la descente se poursuit. C’est à -68 m que nous débouchons au plafond d’une salle noyée immense, avec une visibilité de plusieurs centaines de mètres… Vertige. Ce que j’avais pris pour des graviers étaient en fait des blocs énormes, à plus de 90 mètres de fond…
Dessert
Nous l’avons vu, bien avant l’adoption des Wings, les plongeurs utilisaient des collerettes (ou bouées) stabilisatrices basées sur la fameuse “collerette de sécurité” inventée par Frédéric Dumas en 1950 et dont on peut voir un exemplaire au Musée Dumas de Sanary sur mer. Mais, comme le raconte l’ami scaphandrier Gérard Loridon, plongeur pionnier du GERS de la Sogetram et de la Comex : “… ma bouée Dumas est là, si nécessaire, mais j’ai bien trop peur qu’elle ne m’arrache la tête !…”
De telles collerettes et bouées furent pourtant commercialisées par Aerazur (premier modèle en 1958) puis Fenzy (premier modèle en 1961). Le système de gonflage était alimenté en gaz par une réserve d’air ou de CO2, réserve séparée de la réserve principale du plongeur et portée sur un côté de la bouée. Toute une époque ;-)…
A très bientôt pour une nouvelle définition du Scuba Bécédaire. Le lexique irrévérencieux de la plongée, mais pas seulement. Parce que des fois…
Francis Le Guen
Café
Alors ? Wing ou stab ? C’est la cornélienne question à laquelle notre ami marseillais Vincent Defossez tente de répondre dans cette vidéo. Et vous, vous en pensez quoi ?