Tous, nous avons déjà entendu évoquer ses espadons voiliers, ses requins baleines, ses otaries, ou ses cénotes, classiques ou oubliés … mais d’immersions avec les crocodiles… pour nous c’était une première, quand Greg Lecoeur nous en a parlé! Et oui, vous l’avez compris? Direction le Mexique, une fois encore! Caramba!
Didier, le patron de Phocéa Mexico, en a, lui, entendu parlé et me garantit qu’il peut monter une expédition sur place. Qui dit “expédition” dit H2O Voyage. J’appelle Eric, l’un de ses deux boss, afin de lui parler de ces mystérieux crocos mexicains. Bien entendu ça l’intéresse et bien entendu, il veut en être… et voilà comment il arrive parfois qu’un nouveau voyage-plongée commence à prendre forme.
La réserve de la biosphère Banco Chinchorro
est située dans la mer des Caraïbes à 30.8 kilomètres à l’est du point continental le plus proche
Quelques jours après, les dates tombent sur mon écran. Nous aurons la chance, si l’on peut dire, de découvrir cet animal dans son milieu naturel les 26 et 27 juillet. Plonger avec des crocos… à l’annonce de ce prochain reportage, ma fille fond en larmes et ma mère craint que je ne sois suicidaire… En toute honnêteté, je ne suis pas vraiment rassuré et une fois dans l’avion, il m’est arrivé plusieurs fois de penser que sur ce coup, j’aurais mieux fait de fermer ma grande g…..
LA RENCONTRE
Malgré mes craintes, je dois vous avouer que ces rencontres sont plutôt placides. Tout comme le requin, le croco est opportuniste et ne se jette pas sur ses proies telle la bête cruelle et sanguinaire que l’on nous présente depuis toujours.
Afin d’attirer l’animal, les guides ont recours aux poissons-lions qui servent d’appâts. Sans ce subterfuge, il ne se montrerait même pas, du moins lorsque nous sommes immergés. Et en plus, en termes de sécurité, ces poissons agissent tels des aimants, ce qui permet de placer les crocodiles à l’endroit exact choisi par nos guides, en l’occurrence, une petite marche située juste sous la cabane qui nous sert de base.
Vidéo réalisée en 2 jours d’immersion
Oui Monsieur le Juge, je plaide coupable… J’ai fait le choix de monter cette vidéo avec des scènes où la bête vient au contact… sinon vous auriez risqué de vous endormir!
La première journée, nous avons eu la chance d’avoir jusqu’à cinq individus pouvant atteindre les trois mètres pendant près de huit heures. Et je dois bien avouer que la plupart du temps, la confrontation est plutôt calme. L’animal est à un mètre de vous à peine mais se contente de vous scruter en attendant sagement qu’un appât passe à sa portée. Ce n’est que de temps à autre qu’il se montre plus téméraire et vient au contact. Il vous suffira alors d’utiliser votre caméra pour le repousser et le “monstre” reculera… plus ou moins vite. La visibilité était quant à elle d’environ 7 mètres.
En outre, un guide armé d’un repoussoir se trouve derrière vous, prêt à intervenir si le besoin se faisait sentir. Ça n’a pas été le cas pour nous, si ce n’est avec un jeune particulièrement surexcité qui cherchait clairement à goûter à ces animaux inconnus que nous étions pour lui. Frissons garantis…
BANCO CHINCHORRO : EN PRATIQUE
LES IMMERSIONS
Elles se font en masque et tuba, les palmes ne servant à rien étant donné la faible profondeur : 1,50 m au maximum. Avant d’avoir vécu cette aventure, j’étais d’ailleurs assez déçu à ce sujet, mais en réalité, un bloc serait ici bien plus gênant que pratique.
Nous nous immergeons deux par deux, pour des sessions de 20 à 30 minutes. Deux guides nous accompagnent. L’un reste avec les “snorkelers” que nous sommes, et le second se positionne à l’arrière du groupe afin de surveiller qu’aucun mastodonte ne nous prenne à revers.
Passez en plein écran afin de profiter pleinement de ce diaporama
LA VIE SUR PLACE
Ici, pas de palace ni même d’hôtel 1 étoile… seul le “bed and breakfast” sur pilotis de Matraca, pêcheur de langoustes et propriétaire des lieux, est disponible. La pièce principale est transformée en dortoir où sont accrochés des hamacs. C’est du spartiate. Mais une fois couché dans votre lit “king size”, vous avez le sentiment de vivre une expérience unique. Vous pourriez penser être dans un film d’Indiana Jones… sauf que le film, vous le vivez!
LE TRANSFERT
Le transfert du continent vers la réserve est à lui seul une aventure. Il faut compter deux bonnes heures de navigation et les conditions peuvent être très chaotiques… les images ci-dessous vous montrent une traversée effectuée dans d’excellentes conditions…
Il peut même arriver qu’il soit annulé en raison de l’état de la mer. Quoi qu’il en soit, si tel est le cas, la visibilité devient tellement mauvaise qu’il serait alors dangereux de se mettre à l’eau.
SAISON
Bien que présent tout au long de l’année à Banco Chinchorro, cet animal à sang froid préfère les rayons du soleil. La meilleure période afin de l’observer s’étend de juin à septembre. Les conditions de navigation sont elles aussi plus clémentes en été.
POUR QUI?
Clairement, c’est un séjour orienté “images”. Ce sont donc en priorité les photographes et les vidéastes du monde entier qui se pressent à Banco Chinchorro. Mais d’après moi, c’est un peu le même phénomène qu’il y a 20 ans quand la plongée requin est devenue médiatique et s’est peu à peu banalisée… à l’époque nous étions des fous et aujourd’hui, force est de constater qu’une grande partie des plongeurs a eu la chance de s’immerger avec le “monstre” d’antan.
S’Y RENDRE
Il faut compter quatre bonnes heures de route au départ de Playa del Carmen afin de se rendre à Xcalak, point de départ du transfert. Bien qu’il soit possible de n’y passer qu’une seule journée, nous vous conseillons d’y séjourner deux à trois jours. En effet, les crocodiles sont bien là, mais ils peuvent de temps à autre se montrer “capricieux”.
Phocéa Mexico a ajouté cette extension à sa liste déjà longue de services. Comme cela reste un séjour particulier, Didier a fait le choix d’en donner l’exclusivité à H2O Voyage car Eric connait vraiment le “produit”…
H2O Voyage a déjà mis en place 3 dates pour cette année :
– du 3 au 14 Juillet 2015 (Paris/Paris) – crocos + cenotes + requins baleine
Tarif : 3 575 euros / personne (base 5 participants)
– du 6 au 17 Août 2015 (Paris/Paris) – crocos + Belize
Tarif : 4 245 euros / personne (base 5 participants)
– du 20 au 31 Août 2015 (Paris/Paris) – crocos + Belize
Tarif : 3 910 euros / personne (base 5 participants)
EN SAVOIR PLUS
CROCODYLUS ACUTUS : le Crocodile américain
Il s’agit d’une des plus grandes espèces de crocodiles. Les mâles adultes ont une taille moyenne de 5 mètres et peuvent atteindre jusqu’à 6 ou 7 mètres. Ils pèsent habituellement quelques 400 à 500 kg, mais les individus de plus de 6 mètres de long peuvent dépasser la tonne.
Cette espèce fréquente à la fois les eaux douces – comme les fleuves mais aussi les lacs et les retenues d’eau artificielles – et les eaux saumâtres – comme les estuaires, les lagunes côtières et les marais des palétuviers.
Le nom de l’espèce, acutus, signifie pointu en latin et fait référence à la forme du museau.
Les grands mâles adultes n’ont pas de prédateurs naturels et sont potentiellement capables d’attaquer n’importe quel animal se trouvant au bord de l’eau, bien que leur régime soit essentiellement composé de poissons.
Passez en plein écran afin de profiter pleinement de ce diaporama
Le crocodile américain est souvent accusé de tuer du bétail mais les cas avérés sont assez rares. Il peut aussi être dangereux pour l’homme et des attaques au Mexique, au Costa Rica et au Guatemala ont, elles, été avérées. Mais ces attaques sont rarement rapportées par la presse internationale et de ce fait l’espèce n’est pas aussi bien décrite en tant que mangeuse d’hommes que les espèces apparentées de l’ancien monde et d’Australie. L’espèce est décrite comme timide et ayant une faible propension à attaquer l’homme. En mai 2007, en une seule semaine, deux cas d’attaques mortelles sur des enfants furent néanmoins signalés, l’un au Mexique juste au sud de Puerto Vallarta, et l’autre au Costa Rica.
Après avoir été protégée aux États-Unis en 1979, cette espèce est inscrite à l’annexe I de la Cites* depuis 1989 sauf pour les populations de Cuba qui ont été réinscrites à l’annexe II** en 2005.
Passez en plein écran afin de profiter pleinement de ce diaporama
Les populations actuelles sont estimées de 10 000 à 20 000 individus. L’animal a beaucoup été chassé pour sa peau entre 1920 et 1960. Aujourd’hui, c’est plutôt une chasse résiduelle plus petite associée à la destruction des habitats qui est à l’origine de la réduction de ses effectifs.
Réserve de la Biosphère Banco Chinchorro
Banco Chinchorro est une réserve biosphère UNESCO située à deux heures de navigation environ du continent mexicain. Seuls quelques pêcheurs y vivent de façon rudimentaire pendant les campagnes de pêche, notamment celle de la langouste. Une base scientifique y travaille également à l’année pour y étudier et mieux comprendre le fonctionnement des éco-systèmes de cet atoll.
La réserve de la biosphère Banco Chinchorro comprend des formations récifales, une lagune récifale, trois îlots rocheux – îlot Lobos, îlot Centro et îlot Norte – et des eaux océaniques adjacentes. Elle constitue un ensemble récifal de la catégorie d’atoll ou récif de plateforme. La réserve, considérée comme une des plus vastes structures de son genre dans le bassin des Caraïbes, est la plus importante du Mexique.
Les recherches effectuées dans la réserve ont permis de dresser une liste de 778 espèces : 58% correspondent à la faune marine, 14% à la faune terrestre, 18% à la flore marine et 10% à la flore terrestre. La pêche, qui est la plus importante activité économique dans la réserve de Banco Chinchorro depuis plus de quarante ans, est bien sûr réglementée par une série de normes établies à la création de la réserve.
* Les espèces inscrites à l’Annexe I sont les plus menacées de toutes les espèces animales et végétales couvertes par la CITES (voir l’Article II, paragraphe 1, de la Convention). Etant menacées d’extinction, la CITES interdit le commerce international de leurs spécimens sauf lorsque l’importation n’est pas faite à des fins commerciales (voir l’Article III) mais, par exemple, à des fins de recherche scientifique. Dans ces cas exceptionnels, les transactions peuvent avoir lieu à condition d’être autorisées par le biais de la délivrance d’un permis d’importation et d’un permis d’exportation (ou d’un certificat de réexportation). Par ailleurs, l’Article VII prévoit des dérogations à cette interdiction et à ces obligations.
** L’Annexe II est la liste des espèces qui, bien que n’étant pas nécessairement menacées actuellement d’extinction, pourraient le devenir si le commerce de leurs spécimens n’était pas étroitement contrôlé. Elle comprend aussi ce qu’on appelle les “espèces semblables”, c’est-à-dire celles dont les spécimens commercialisés ressemblent à ceux d’espèces inscrites pour des raisons de conservation (voir Article II, paragraphe 2, de la Convention). Le commerce international des spécimens des espèces inscrites à l’Annexe II peut être autorisé et doit dans ce cas être couvert par un permis d’exportation ou un certificat de réexportation. La CITES n’impose pas de permis d’importation pour ces espèces (bien qu’un permis soit nécessaire dans certains pays ayant pris des mesures plus strictes que celles prévues par la Convention). Les autorités chargées de délivrer les permis et les certificats ne devraient le faire que si certaines conditions sont remplies mais surtout si elles ont l’assurance que le commerce ne nuira pas à la survie de l’espèce dans la nature (voir Article IV de la Convention).
0 commentaire
Le magazine Octopus est en librairie http://www.lac-du-bourget.fr/index.php?post/2011/06/28/Le-magazine-de-plongee-Octopus-parle-de-notre-plong%C3%A9e-sur-le-Protee-et-le-Natal