C’est dans le cadre de Festisub que nous avons rencontré Gianni Di Marco. Ce Suisse a découvert la plongée en 1992 au Mexique. Immédiatement séduit, il passe ses brevets et commence à plonger ici et là. Dix ans plus tard, il devient alors évident que la plongée devait prendre plus de place dans sa vie. Dès lors, il passe ses niveaux professionnels jusqu’à devenir Instructeur PADI, SSI et TDI. La plongée lui apporte sa part de rêve et il met depuis tout en oeuvre pour les transformer en réalité. Alors quand ce personnage discret nous a parlé de son aventure, nous avons voulu vous la faire partager.
Connaissez-vous quelqu’un qui a déjà plongé à Mohéli? En général la réponse à cette question est négative car l’île de Mohéli, peu développée au niveau touristique, n’a encore accueilli qu’un nombre infime de plongeurs. Aussi le vaste espace du Parc Marin de Mohéli créé en 2001 qui couvre toute la partie sud de l’île jusqu’à l’isobathe des 100 m présente-t-il un potentiel énorme de sites à découvrir. Premier acteur à faire une exploration systématique des sites de plongée, Laka Lodge Plongée en a d’ores et déjà répertorié bon nombre et dressé un premier inventaire des espèces qu’on y rencontre. Nous vous proposons ici de découvrir l’univers naturel d’une richesse unique de Mohéli ! Baleines, tortues marines, en mer et sur leurs lieux de ponte, mantas, dugongs, dauphins, orques et requins sont les représentants de ce que vous rencontrerez sans nul doute parmi les plus gros. Mais le «petit», niché dans un récif d’une variété extraordinaire, n’est pas en reste et il est loin d’avoir livré tous ses secrets. A terre, la forêt permet d’observer des populations endémiques de chauve-souris, les roussettes de Linvingstone, menacées d’extinction, des oiseaux rares et des populations de lémurs qui viennent à notre rencontre jusqu’aux abords des villages.
Bienvenue à Mohéli, un des derniers espaces qui restent à découvrir dans le monde de la plongée!
Vidéo : Alefa Production
Etre les premiers à plonger dans une destination inconnue…
Lorsque je me suis rendu pour la première fois aux Comores, c’était pour poser les bases d’un voyage terrestre pour amoureux de la nature, à la découverte des zones de ponte des tortues marines. La plus petites des 3 îles des Comores, l’île de Mohéli, est connue pour être un sanctuaire pour les tortues vertes (Chaelonia midas) et sa réputation laisse entendre que, toute l’année, ce sont des dizaines de tortues par nuit que l’on peut y observer.
Avant de m’y rendre, je collectai donc un maximum d’informations et au passage, mon instinct de plongeur rugissant en moi, je tapai aussi dans google «plongée comores».
Et là que découvre-t-on? Quasi rien. A part un référence à un centre de plongée au nord de Moroni (Grande Comore) qui rapidement s’avère avoir cessé ses activités, c’est le vide, le mystère! Pourtant, situées à deux pas de Mayotte, entre Madagascar et le Mozambique, il semble impossible que ces îles ne regorgent pas de merveilles à explorer pour la plongée?
Je cherchai donc davantage et découvris que l’île de Mohéli est considérée comme la perle nature de l’archipel; beaucoup moins peuplée que ses deux soeurs (Grande Comore et Anjouan), la petite île présente un versant sud sauvage et couvert de forêt par endroit primaire; je découvris que depuis environ 10 ans un parc marin avait été créé, couvrant tout l’espace marin méridional de l’île, constitué d’un large plateau où se succèdent bassins et hauts-fonds et d’où émergent un cordon d’îlots volcaniques et quelques roches sur lesquelles les vagues de l’océan Indien viennent se briser. Sur «Google Earth», j’observai que toute la côte de l’île est ceinturée d’un récif frangeant découpé par de petits chenaux menant souvent à de larges mangroves.
La côte irrégulière présente une succession de promontoires de roches volcaniques sombres couvertes de végétation et de plages de sable qui semblaient idylliques et sur lesquelles n’apparaissait en général aucune habitation.
Ma curiosité et mon intérêt s’en trouvant renforcés, j’explorai quelques forums où des cyber-aventuriers relataient leurs excursions aux Comores et en particulier à Mohéli. Ils y décrivaient un récif coloré et riche, des rencontres avec les murènes, les raies, les tortues et parfois des requins de récifs. Mais tous confirmaient l’information: pas de centres de plongée actifs ni sur l’une ni sur l’autre des îles. J’étais bien décidé à étudier la question et une fois sur place d’en avoir le coeur net.
C’est donc avec cette idée derrière la tête que je me rendis aux Comores en 2012. Tout en organisant et en préparant le projet de voyage terrestre, je glanai un maximum de renseignements sur la plongée.
Tous convergeaient vers la même conclusion: alors qu’à Mayotte l’offre de plongée avait déjà été largement développée, les Comores indépendantes, de par la faiblesse de leur développement touristique ne proposaient pas de centres de plongée dans les îles de l’archipel.
Pourtant, une fois à Mohéli, une excursion en mer avec au programme un peu de plongée en apnée fut plutôt une belle surprise. Alors que nous étions déjà en route, le capitaine du bateau me demande ce qui m’intéresse. Je lui réponds: «A toi de me faire découvrir ce qu’il y a de plus beau!». Sa réponse l’air de rien me fila des frissons: «Tu veux aller voir les mantas?». Et ce n’était pas du bluff. Après 10 minutes de navigation, je me retrouvai dans une petite baie où nageaient 2 belles raies mantas. Appareil photo, palmes, masque et tuba, je plongeai et les rejoignis en un ballet exclusif de plus de 20 minutes, rien qu’elles et moi! Mohéli m’accueillait de la plus belle des manières!
Premières plongées
Neuf mois plus tard, après avoir fait l’acquisition d’un compresseur 140L/min, de 8 blocs alu de 12 L et mis en cartons le matériel nécessaire pour démarrer des opérations de plongée dans un endroit éloigné de tout, les avoir envoyés et réceptionnés non sans quelques difficultés… me voilà en train de gonfler les premiers blocs!
Le centre de plongée a été installé dans un local d’une annexe de la réception et du restaurant de l’hôtel. Des étagères ont été aménagées pour les stabs et les combinaisons et une base de plongée avec une plateforme pour déposer les blocs et rincer le matériel a été construite sur la plage, à proximité du départ du bateau.
Le bateau est une barque en polyester de 6 m. Initialement propulsée par un moteur de 15 CV, nous allons rapidement lui ajouter un 2ème moteur et un 2ème banc pour transporter les 5 plongeurs que nous pouvons embarquer.
La plupart des zones d’exploration se situent non loin de l’hôtel, à 15 ou 20 minutes de navigation. Les bungalows du Laka Lodge situés en bordure de la petite «ville» de Nioumachoua, au centre de la côte sud de Mohéli, font face aux îlots. Ce cordon d’îles et de rochers volcaniques offre un panorama exceptionnel. Leurs bordures découpées où, sous les eaux cristallines, apparaissent les couleurs variées du récif et où scintillent des nuées de poissons doivent offrir nombre de sites de plongée prometteurs.
Nous partons donc pour une première plongée sur la pointe sud, face à l’océan ouvert. Pour cette fois, je suis accompagné de Marc Allaria, un photographe professionnel de Mayotte qui séjourne pour quelques jours à Mohéli, de son amie Raïma Fadul qui s’occupe avec Marc de l’association environnementale moaraise Atoll, ainsi que d’Ambre Malet, l’assistante technique du Parc Marin de Mohéli.
Nous quittons le bateau par une bascule arrière sur un fond de 30 m environ et descendons dans les eaux transparentes jusqu’à l’approche du fond. Quelques patates de corail abritant des anémones et des éponges colorent le tableau. Les langoustes agitent leurs antennes ici et là et, surprises, de petites tortues imbriquées s’éloignent de nous en quelques battements de nageoires. Nous jouons un peu avec les poissons clowns, dénichons quelques nudibranches, Marc prend des photos, mais les minutes s’égrainent sans grandes surprises… Je suis un peu déçu, c’est joli, mais ça manque de vie et de variété.
De retour sur le bateau, nous analysons nos impressions. Nous savons que peu de plongées ont été réalisées dans la région. Sur ce site, nous n’avions aucune information. Il est clair que nous devons poursuivre les plongées pour comprendre le développement du récif, les zones présentant le meilleur potentiel et les explorer à fond.
Confiant, je vais donc enchaîner les plongées. Sur la base des récits des pêcheurs, qui ont traîné leurs palmes entre 0 et 15 m dans tous les recoins de ces eaux, mais aussi grâce au recoupement d’informations et en scrutant attentivement les images satellites de «fusilier», nous allons cibler des zones, rechercher des grottes, des failles, des tombants. Et les bonnes surprises vont commencer à arriver. Nous allons observer nos premiers requins pointes blanches de récif, découvrir des tombants couverts de corail blanc et de gorgones. Nous allons petit à petit nous habituer à ces nuages de fusiliers qui nous accompagnent tout au long de nos plongées et au doux chant des baleines qui nous berce. En effet, il ne sera pas rare, d’août à octobre, de croiser le chemin des baleines à bosse qui, après leur longue remontée depuis les eaux froides de l’Antarctique, viennent mettre bas dans les eaux tranquilles de Mohéli et prendre soin de leur baleineau. A plusieurs reprises nous allons faire une halte et une approche prudente en PMT et des souvenirs émerveillés se graveront dans nos mémoires.
Les tortues sont partout, presque à chaque plongée. Aidés par la chance nous pourrons même observer des accouplements.
Les plongées sont variées et colorées.
Des bancs de lutjans, de barbets, de chirurgiens et de carangues nous accompagnent. Beaucoup de langoustes, de crabes, de murènes, de poissons scorpions sont au rendez-vous et avec patience nous finissons par découvrir également les discrets poissons feuilles. Au fil des 60 plongées que je vais faire dans la région, aidé par mon ami Laszlo qui viendra m’assister tout au long du mois d’octobre 2013, nous allons référencer une bonne quinzaine des sites variés et intéressants.
Le Mohéli Laka Lodge
Situation générale
Le Mohéli Laka Lodge se trouve sur la côte sud de l’île de Mohéli, au coeur du Parc Marin. Un grand parc arboré accueille le visiteur le long d’un chemin pavé. Les cocotiers, les papayers, les manguiers et les énormes bouquets de bambous entre lesquels volent de nombreuses roussettes communes et des corbeaux pies créent tout de suite une ambiance de paradis terrestre.
Le visiteur est accueilli sur la grande terrasse du restaurant avec un jus de bienvenue. L’hôtel propose une série de 8 bungalows donnant tous sur la mer, dotés de 2 petites terrasses individuelles, de bungalows doubles plus grands, les studios, et d’une maisonnette en bordure de plage comprenant un appartement de 2 chambres et une «suite» panoramique de bon standing.
Restauration
Les possibilités d’approvisionnement limitées et l’absence quasi totale de restaurants dans les petites villes ou villages de Mohéli font que le Laka Lodge propose une formule unique en pension complète.
Les repas pris au restaurant, sur la terrasse, sont composés principalement de nourriture locale à base de poisson, de poulet, de riz et de légumes. Les petits-déjeuners proposent en général du pain maison, des oeufs et des jus de fruits frais.
La plage
Le Laka Lodge possède sa plage privée. Un large croissant de sable de 300m environ allant d’un éperon rocheux à l’autre. Une série de transats en bois sont disponibles sous des parasols en palmes pour se prélasser ou lire.
Des canoës peuvent être loués pour explorer le platier ou se rendre sur une autre plage. Les îlots sont accessibles en une vingtaine de minutes.
Les services
Chaque bungalow est équipé d’une salle de bain privative avec douche. L’électricité fournie par le village est en général disponible de 15h à 23h.
Le Laka Lodge dispose de son propre groupe électrogène. Un accès internet Wi-Fi est disponible au restaurant. L’eau chaude peut être obtenue grâce à des «hot-water bags» qui, chauffés au soleil pendant la journée, fournissent une bonne douche chaude après les plongées.
Excursions et activités terrestres
Observation des pontes des tortues marines et des éclosions
Sans conteste, l’excursion terrestre la plus extraordinaire à Mohéli est celle qui vous transportera vers les plages de ponte des tortues marines à l’est de l’île. Le sanctuaire d’Itsamia, de renommée mondiale, comprend 5 plages sur lesquelles les observations des biologistes se concentrent.
Les deux premières facilement accessibles depuis le village d’Itsamia peuvent dénombrer jusqu’à plusieurs dizaines de remontées de tortues par nuit. Ce sont principalement des tortues vertes (Chaelonia midas) pouvant atteindre jusqu’à 1.50m pour plus de 200 kg qui viennent pondre sur les plages qui les ont vues naître. L’observation est soigneusement contrôlée. Elles se fait avec un guide local formé pour cela. Il n’est pas rare de pouvoir également observer l’éclosion des bébés tortues qui, après leur séjour de 4 à 6 semaines dans le sable, vont braver la surveillance des nombreux prédateurs pour regagner la mer.
Observation des baleines à bosses
Le Laka Lodge propose des sorties d’une demi-journée pour aller observer les baleines à bosse. Sur la base des informations des pêcheurs , le bateau explorera le tour des îlots, se rendra même peut-être en haute mer pour trouver ces géantes.
Si une rencontre n’est pas absolument garantie, les chances d’en observer d’août à octobre sont très élevées. Lorsqu’une rencontre a lieu et que les conditions le permettent (comportement de la baleine, conditions de la mer), les plongeurs pourront se mettre à l’eau par groupes de deux sous la supervision du guide et aller nager avec les baleines.
Plongée libre avec les dauphins et pêche en haute mer
Des sorties en mer sont également organisées pour aller à la rencontre des dauphins. Ces élégants mammifères se rencontrent en haute mer, là où croisent les bancs de sardines.
Ces regroupements attirant également les thons, ces sorties sont souvent combinées avec des parties de pêche à la ligne qui permettent généralement de rapporter quelques bonites à ventre rayé ou des thons jaunes pour le dîner.
Avec encore de la chance, les bancs de thons vont eux-même attirer de plus gros prédateurs et il n’est pas rare de voir passer un gros squale comme un requin longimane par exemple.
Cours et excursion de freediving/apnée (dauphins, récif)
Les eaux par endroits cristallines de Mohéli et la richesse du développement corallien du récif rend la pratique de l’apnée idéale. Le centre de plongée propose des formations au freediving qui, combinées à des sorties en milieu naturel, permettront d’approcher la faune marine d’une autre manière et favorisera des interactions et des observations que la plongée scaphandre ne permet pas.
Trek en forêt
Sur les hauteurs de Nioumachoua, le long des cours d’eau ou sur les pentes abruptes, des sentiers forestiers permettent d’explorer le versant sud de l’île. La randonnée débute dans les zones qu’exploite l’agriculture locale. Nous pouvons y découvrir des plantations de poivriers, de cacaotiers, de girofliers, prélever un morceau de cannelle, goûter à toutes sortes de plantes que notre guide nous fera découvrir et profiter des senteurs enivrantes des plantations d’ylang ylang.
A travers les grands arbres, nous découvrirons des familles de lémuriens endémiques (Lémur mongoz), des cascades rafraîchissantes et la vue depuis le sommet de l’île récompensera nos efforts, consentis certes, pour en arriver là.
Observation des chauves-souris de Livingstone
Les guides locaux nous emmènent à travers la forêt découvrir les nichoirs des roussettes de Livingstone. Suspendues aux branches des grands arbres, elles s’envolent à tour de rôle pour aller chercher les fruits qui constituent l’essentiel de leur alimentation.
L’intérêt de ces randonnées d’observation est entre autre de favoriser la valorisation de cette espèce menacée et de participer à la prise de conscience sur l’importance du contrôle de la déforestation. Au passage, un guide qualifié nous fera observer les plantations agricoles dispersées dans la forêt, nous permettant ainsi de saisir la diversité des goûts et des parfums des plantes qui composent souvent une partie de nos repas.
S’y rendre
L’activité plongée est pour le moment possible de fin juillet à fin octobre lorsque Gianni est présent sur place, mais cela devrait changer sous peu.
Il faut compter environ 3100 euros pour un package de 10 jours / 9 nuits comprenant l’aérien, les transferts, l’hébergement, la pension complète et 15 plongées.
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Et le problème ne se pose pas qu’en Polynésie, mais partout où les tortues sont présentes. A Madagascar où j’ai passé quelques années, les tortues capturées étaient monnaie courante dans les villages. Une proie comme une autre, loin de nos préoccupations d’européens.