Je dois vous avouer une certaine surprise lorsque nous avons reçu une invitation provenant de l’association “Diabète et Plongée” qui nous conviait, les 15 et 16 septembre, à prendre part à un week-end plongée nitrox chez des personnes diabétiques insulinotraitées…
LES DIABÉTIQUES PLONGENT ???
Brevet d’État depuis 20 ans, j’en étais resté à “pas de plongée pour les diabétiques…”. N’étant concerné ni de près, ni de loin et n’ayant jamais eu le cas de figure d’un plongeur se présentant comme diabétique, je ne m’étais pas plus interessé au sujet… mea culpa.
PAS PLUS D’ACCIDENTS CHEZ LES PLONGEURS DIABÉTIQUES
En fait, la justification de cette interdiction par le risque d’hypoglycémie est purement intellectuelle. La littérature ne montre pas plus d’accidents chez les plongeurs diabétiques. Déjà en 1996, lors du “Workshop diabetes and diving” de UHMS (Undersea and Hyperbaric Medical Society), DAN recensait les accidents de plongée entre 1989 et 1994. Sur 550 décès, 7 concernaient des diabétiques et sur 2400 accidents de décompression, 8 mettaient en cause des diabétiques. Le nombre d’accidents étant en rapport avec le nombre de diabétiques dans la population générale, il en ressort que le risque d’accident n’apparaît pas augmenté par rapport aux autres plongeurs.
2004 : UNE PREMIÈRE AVANCÉE
Le symbole des contre-indications liées au diabète insulino-requérant est levé. La France rejoint ainsi d’autres pays comme les USA, l’Angleterre mais aussi la Suisse, l’Allemagne, la Hollande, l’Autriche, le Danemark ou l’Égypte.
DAN (Divers Alert Network) et le BSAC (British Sub Aqua Club) ont été les organismes précurseurs dans ce domaine. Jusqu’au 16 octobre 2004, le diabète insulino-requérant était une contre-indication absolue et historique à la plongée. Cette interdiction date des années 70 où un diabétique est mort en plongée. En fait, la responsabilité du diabète dans cet accident n’a pu être prouvée chez ce plongeur porteur par ailleurs d’un foramen ovale.
La raison principale de la contre-indication liée au diabète insulino-requérant est le risque d’hypoglycémie (baisse du taux de sucre dans le sang) en immersion. L’hypoglycémie peut survenir brutalement et entraîner un trouble du comportement ou un malaise.
Grâce aux travaux de l’association Diabète Aventureet notamment, ceux du Dr Boris Lormeau, endocrinologue à Paris, la FFESSM autorise donc depuis 2004, de facon très encadrée, certains diabétiques à pratiquer leur passion.
20 MÈTRES, 30 MINUTES, ENCADRÉ QUEL QUE SOIT LE NIVEAU
Les textes actuels sont limpides :
1. Aucune autonomie pour les plongeurs insulino-dépendants et ce, quel que soit leur niveau de plongée.
2. Plongées encadrées par un E2 au minimum en milieu naturel, un E1 au minimum en milieu artificiel.
3. Plongées dans la courbe de sécurité.
4. Plongées dans l’espace médian (20 mètres maximum). Durée de la plongée limitée à 30 minutes.
5. Outre l’encadrant et les autres plongeurs, la palanquée ne peut comprendre plus d’un plongeur diabétique insulino-dépendant, et cela quel que soit son niveau.
6. Interdiction de plonger :
– en cas de température de l’eau inférieure à 14°C
– s’il existe des conditions gênant la mise en pratique du protocole de mise à l’eau (bateaux peu stables, pneumatiques par exemple…)…
– si, en cas d’émersion rapide, le retour vers le bateau est difficile (courant, vagues, turpitude de l’eau, brume, nuit, etc…).
WEEK END NITROX
Pour ce projet unique, il n’y a aucune recommandation et littérature : 5 endocrinologues plongeurs et 15 personnes diabétiques de type 1 étaient présents et ont réalisé 5 plongées nitrox, avec évaluation des modifications thérapeutiques nécessaires et surtout le suivi des courbes de la glycémie pour ensuite proposer des tables de recommandations comme nous l’avons déjà réalisé avec les plongées à l’air comprimé.
L’objectif de l’association est clair : récolter de nouvelles données afin de continuer à faire évoluer les textes.
En savoir plus : www.diabeteplongee.com
DAVID ZIRAH : PARTAGER UNE PASSION CONTRE VENTS ET MARÉES
À 34 ans, ce Grassois a quitté son emploi d’infographiste dans la publicité. Bien que diabétique, il a passé son Brevet d’État de plongée au CREPS d’Antibes en octobre 2011.
“J’avais envie de partager ma passion mais aussi de faire avancer la recherche pour prouver qu’en prenant quelques précautions, on peut être plongeur et diabétique. J’ai commencé la plongée en 1998, puis en 2002 est apparu mon diabète insulino-dépendant. Cela ne m’a pas empêché de passer les diffèrents niveaux comme tout le monde jusqu’au diplôme d’encadrement. Il ne faut pas cacher sa maladie, sinon en cas de problème, les personnes qui vous accompagnent ne sauront pas comment réagir. Avant de plonger, il faut tester son taux de sucre, emporter du lait concentré, et si on a le moindre doute sur sa forme, ne pas descendre. Il est important de savoir être raisonnable. Sous l’eau, je suis heureux, j’oublie tout, je ne pense pas que plonger soit mauvais pour mon diabète, bien au contraire.”
En savoir plus : www.dive4all.fr
Texte : Manuel Lewin
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