Le Monde.fr | 10.12.2013 à 12h54 Par Martine Valo
Le chalutage et l’usage de filets maillants au fond des océans – les deux méthodes les plus destructrices de la pêche dans les grands fonds –, doivent-ils être interdits ?
A cette question qui suscite d’intenses efforts de lobbying depuis des mois, les députés européens, réunis en session plénière à Strasbourg mardi 10 décembre, ont finalement répondu non à l’issue d’un vote serré, par 342 voix contre 326. Les défenseurs des océans espéraient que les élus iraient au-delà du compromis de règlement laborieusement négocié au sein de la commission pêche du Parlement en novembre. Cela n’a pas été le cas.
Le Parlement, du fait des désaccords au sein des socialistes européens, s’en est tenu à ce règlement a minima : le chalutage profond, une pratique qui racle les sols marins, endommage coraux, éponges, habitats des poissons juvéniles, devra à l’avenir ne plus s’étendre et rester cantonné aux zones déjà exploitées. Ces nouvelles règles s’accompagneront en outre d’études destinées à cartographier les fonds les plus fragiles.
UN DOSSIER QUI S’EST ENLISÉ
Le compris va devoir obtenir l’adhésion des ministres européens de la pêche qui vont être amenés à se prononcer à leur tour. Le dossier a eu tendance à s’enliserdepuis que Maria Damanaki, commissaire européenne chargée de ce secteur, avait proposé en juillet 2012 d’interdire le chalutage profond dans les deux ans. Précisons qu’il ne s’agissait pas de supprimer toute forme de pêche dans les abysses : l’usage de palangre – moins nocive pour l’environnement marin – n’étant pas remis en cause.
Lire : Bruxelles se bat pour interdire la pêche en eau profonde
Lundi, lors d’un débat houleux en fin de journée, le rapporteur de la résolution de la commission pêche, le socialiste grec Kriton Arsenis, avait dénoncé la mauvaise volonté des gouvernements à protéger les grands fonds. Mais dans le camp opposé, plusieurs députés bretons, espagnols et irlandais sont intervenus à la tribune pour défendre le statut quo. Leurs plaidoiries ne sont apparemment pas restées vaines.
Chalutage et filet maillant à plus de 200 mètres sous la surface – ce qui constitue la limite de la pêche profonde selon l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation –, représentent 1,5 % des prises dans l’Atlantique nord-est. Mais cette proportion modeste est concentrée dans quelques ports – celui de Lorient, dans le Morbihan en particulier – dont l’économie aurait été impactée.
La pêche des 54 espèces définies comme profondes par la Commission européenne reste de toute façon soumise à des quotas. Les principaux poissons visés par les flottilles de professionnels dans les eaux de l’Union européenne(lingue bleue, dorade rose notamment) vont continuer à être proposés sur les étals des poissonneries. Mais peut-être un peu moins.
Quoi qu’en pensent les élus, la pression du public commence à être suivie d’effet. Après Casino, le groupe Carrefour vient d’annoncer fort à propos son intention d’arrêterprogressivement de vendre du sabre, du grenadier et du brosme d’ici juin 2014.
1 commentaire
C’est exactement ce que je prône et répète depuis des années…!