Plongée “vintage” au Grand Congloué dans les îles de Marseille. Christian Jeanrond en noir et jaune, bien sûr !
Définition
Avec le noir, le jaune est incontestablement la couleur de la plongée. Popularisée par l’équipe Cousteau, les bouteilles étaient et sont souvent toujours jaunes. Sur les coutures des premières combinaisons néoprène, les bandes jaunes étaient la règle !
Synonymes
Traffic Yellow | Jaunâtre | Citron | Verkeersgeel | Verkehrsgelb | Giallo traffico | Amarillo tráfico
Entrée
Dans le sud, l’exploration du grand bleu est souvent associée au jaune. Une coutume qui s’est répandue à d’autres régions et même au monde entier non sans jeter un certain trouble… Cette couleur est en effet inséparable de la plongée dans l’inconscient collectif à tel point que le film culte “Le grand bleu” aurait du s’appeler le grand jaune, pour plus de vraisemblance.
Tout commence vraiment avec La Spirotechnique qui utilisait pour la peinture de ses blocs un jaune Pantone 116C (de code hexadecimal #f7b500), ce qui donne en RAL Classic (le système européen le plus célèbre et le plus répandu de correspondance de couleurs pour la peinture, les revêtements et les plastiques) le “jaune signalisation 1023”. On est précis ou on ne l’est pas…
Ces fameuses bouteilles jaunes qui font aujourd’hui le bonheur des adeptes de la plongée vintage. Ceux là même qui pratiquent des plongées “souvenir” dans les hauts lieux de l’exploration au cours de rigoureux cérémoniels auprès desquels les gesticulations des modernes druides de Stonehenge paraissent bien sectaires…
Le reste de l’équipement a lui aussi subi la marée jaune. Même aujourd’hui le détendeur de secours de l’octopus est souvent de couleur jaune. Côté vêtements la révolution fluo des années 90 et en particulier l’apparition du jaune est venue (forcément) des asiatiques. De la marque TUSA en particulier, particulièrement bigarrée et originale. Lycras, jersey jaunes, néoprènes jaunes. Palmes, masques, tubas jaunes. Bouées et parachutes jaunes ! Fièvre, jaune (non, ça c’est autre chose).
N’oublions pas le scaphandre rigide Newsuit de Phil Nuytten utilisé par la Marine Nationale et jusqu’aux premiers propulseurs de plongée locoplongeur de Premeco, Apollo…
Et bien sur les “yellow submarines” : La plupart des sous-marins “de poche” et artisanaux et même notre national Nautile !
Des poissons jaunes !
Ainsi, quand on se met à y faire attention, le jaune est partout sous les eaux. Jusqu’aux espèces animales : minuscules tryptérygion de nos rivages méditerranéens, lieus (faussement) jaunes de Bretagne (car il y a aussi des lieus noirs), poissons papillons…
Mais aussi invertébrés, éponges tubulaires safranées, crinoïdes monocolores, coraux exotiques et autres anémones, sabelles et axinelles…
On connait même un site de plongée dit du Sec Jaune consistant en un rocher remontant jusqu’à la surface. La partie immergée est couverte de corail jaune, ce qui donne le nom de ce site fameux situé derrière la Pointe au Sel sur l’île de la Réunion.
Plat
Une couleur à faire rêver ? Pour sûr… Enfants, simples chasseurs apnéistes limités à la capacité de nos poumons ; petits assassins de poissons plats munis de nos courtes arbalètes à flèches trident, nous n’avions que des bandes jaunes sur les coutures du pantalon et des épaules en guise de galons. Et nous rêvions à ces bouteilles jaunes des films de Cousteau, les passeports de l’exploration sous-marine, la vraie. Un jour…
Franchir la ligne jaune !
Ce jour est venu. Enfin. Suivi de tant d’autres. Et j’en ai eu beaucoup et utilisé de ces bouteilles jaunes tant convoitées ; et des suivantes, poncées, décapées, relookées, repeintes : des noires, des rouges, des blanches, des vertes et des pas mures, mais ceci est une autre histoire…
Dessert
Alors : pourquoi cette couleur est elle si répandue dans les équipements de plongée ?
Sans doute historiquement pour sa supposée visibilité sous l’eau où, comme chacun sait, les couleurs vives sont rapidement absorbées par le filtre bleu aquatique. Le rouge est ainsi perdu à partir de 3 m, l’orange à 5 m, le jaune à 10 m, le vert à 25 m. Tout le monde a constaté par exemple qu’à -20 m le sang apparait vert, les gorgones “rouges” d’un beau bleu alors que le jaune (qui en fait est vert) continue de flamboyer fort bas.
C’est dans les années quarante que Jacques Yves Cousteau et l’ingénieur de l’Air Liquide Emile Gagnan “inventent” (après Georges Commeinhes) et popularisent la plongée autonome, utilisant pour la première fois des bouteilles peintes en jaune. Dans les systèmes antérieurs (le “Poumondeau” par exemple) les bouteilles étaient bleues…
La bouteille de plongée est par ailleurs plus ancienne, inventée en 1839 par les canadiens James Elliot et Alexander McAvity. Les premières, fabriquées par Michelin, étaient gonflées à la pression ridicule de 150 bars et souvent bien moins, si bien que ces bouteilles étaient groupées par trois, avec les robinetteries en bas, pour constituer les premiers scaphandres d’exploration avec un détendeur “mistral”, afin de disposer d’une autonomie suffisante.
A très bientôt pour une nouvelle définition du Scuba Bécédaire. Le lexique irrévérencieux de la plongée, mais pas seulement. Parce que des fois…
Francis Le Guen
Café
Et pour notre séquence “gnan gnan”, quand on tape “plongée jaune” sur YouTube on n’obtient que des films sur le “sec jaune” de La Réunion. Dont acte. Voici donc celui que je vous propose. Son à fond ! Les sacs à vomi (jaunes) sont sous votre siège…
Et bien sûr…