La conférence-débat de François Sarano, docteur en océanographie, fondateur de Longitude 181, chef d’expédition et ancien conseiller scientifique du Commandant Cousteau, a failli tourner court ce mercredi 27 novembre 2013 après-midi à Kélonia. Cette conférence-débat était prévue autour de son dernier film “Méditerranée, royaume des requins”. Dans la salle de projection, une trentaine de représentants d’usagers de la mer, notamment des surfeurs, avait, en effet, fait le déplacement, plus pour interpeller le plongeur professionnel, sur sa position vis à vis des requins, que pour visionner le film.
La projection de “Méditerranée, royaume des requins” devait initialement durer 52 minutes. Mais le public a du finalement se contenter de quelques plans et séquences de nage avec les grands requins blancs réalisés en Amérique du Sud et Afrique du Sud. À la demande de certains des usagers de la mer présents, François Sarano a entamé plus tôt que prévu le débat.
Les questions ont fusé : “qui a financé votre billet d’avion ?”, “pourquoi êtes-vous venu à La Réunion ?”… Autant de questions, sans grand rapport avec l’objet de la conférence, auxquelles le chef d’expédition et l’ancien conseiller scientifique du commandant Cousteau a essayé de répondre malgré tout.
Très vite lassée par cette joute oratoire, la majeure partie des spectateurs, déçue de ne pas avoir vu le film, s’est retournée contre la trentaine d’usagers de la mer. Agacés, certains de ces spectateurs ont quitté la salle de projection, d’autres ont pris à partie le groupe d’usagers de la mer . Il a fallu l’intervention, au nom des surfeurs, de Christophe Mulquin, pour que la tension retombe: “nous allons vous laisser à votre film, à condition que vous nous rencontrez après. Nous attendrons une heure, voire deux, s’il le faut, venez débattre avec nous”. “Le courant ne passe visiblement pas avec les plongeurs”, a, pour sa part, lancé un autre surfeur.
Une demande de rencontre à laquelle a répondu positivement François Sarano. “Je n’ai pas l’habitude de me dérober”, a-t-il déclaré.
Les représentants des usagers de la mer ont alors quitté la salle. Ils ont patienté à l’extérieur pour débattre avec François Sarano. L’échange, parfois vif, a repris dès la fin de la projection et des questions en salle. Sans grande surprise, chacun des deux camps a campé sur ses positions avant qu’un terme ne soit finalement mis à la discussion. A noter la présence discrète des gendarmes qui n’ont eu aucune raison d’intervenir.
Source : www.ipreunion.com
Il y a 6 mois, François publiait une lettre.
Il semble que tout le monde ne l’ai pas lu…
Je me fais donc un plaisir de la joindre à cette actu :
OUI AU SURFEURS ET OUI AUX REQUINS !
Les réserves sont des espaces, extrêmement rares dans ce monde, où l’on donne la priorité à la vie sauvage sur les activités humaines.
Face à la formidable accélération de la destruction de la vie sauvage causée par le développement de nos activités que nous n’arrivons plus à maitriser, il a été jugé indispensable de mettre des garde-fous, de créer des lieux préservé avant qu’il ne soit trop tard, pour que demain nous ne soyons pas face à l’irréversible. Ces lieux ce sont les réserves, elles sont trop peu nombreuses, très loin de ce qu’il faudrait pour assurer la pérennité du vivant.
L’objectif des réserves marines c’est d’offrir à la vie sauvage des espaces où elle peut se reconstituer, des espaces où justement nous n’intervenons pas comme nous le faisons partout ailleurs. Et partout ailleurs l’impact de notre développement mal contrôlé, l’impact de nos activités, notre volonté de gestion, provoquent un appauvrissement dramatique de la vie.
N’oublions jamais que la réserve marine n’est pas un espace où la vie est exceptionnellement riche, c’est autour que c’est dramatiquement pauvre à cause de nos activités et de notre gestion ! La diversité des espèces, le nombre des individus, le foisonnement de la vie que l’on trouve dans une réserve EST LA NORME !
Ces réserves sont des trésors dont nous commençons à peine à juger l’immense valeur. Si à peine crées nous les remettons en cause parce qu’elles mettent des limites nos activités, nous n’y arriverons pas.
Auriez-vous l’idée d’éliminer les lions d’une réserve africaine sous prétexte que certains veulent y pratiquer le footing ?
Ouvrir une brèche en autorisant la chasse dans la réserve serait une régression… on en a vraiment pas besoin : c’est ce que l’on fait partout dans le monde. Nous ne mettons aucune limite à notre expansion, notre rapacité, nos caprices.
Pêcher les requins dans la réserve ? Quelles limites ? Les quels ? Combien ? Jusqu’à quand ? et après les requins, quel autre gêneur devra être contrôlé ?
On a justement fait une réserve pour que l’on ne se pose pas ces questions car la réponse est simple : Ici, dans cet espace, c’est l’homme qui est toléré ; c’est l’homme qui doit accepter et respecter les règles de la nature, au lieu de les imposer comme partout ailleurs.
Je rappellerai enfin que la Réserve marine est un bien commun, que les surfeurs ne sont pas les seuls usagers, et que bien d’autres usagers souhaitent fortement que les requins vivent en paix.
Enfin et pour conclure, je dirai que
Jamais notre demande n’a été d’interdire ou de limiter l’activité balnéaire, la plongée, la nage, le surf… Nous demandons simplement que, comme toutes les autres pratiquants d’activités RÉCRÉATIVES, les surfeurs se plient aux contraintes naturelles : tempête, courants, vagues, méduses, requins.
Il est inutile d’éliminer des requins, d’autant que l’on ne sait pas si on élimine celui qui est la cause de l’accident. En revanche :
– SURVEILLANCE : Les moyens de prévenir les accidents existent et doivent être renforcés : La pose de balise permet de signaler la présence des requins et donc d’avertir les surfeurs, qui sont les plus concernés.
– INFORMATION ; La diffusion claire des informations que ces balises donnent pour que chacun soit prévenu de la présence des requins (leur présence ne signifie pas accident pour autant)
– RESPECT DES MISES EN GARDE et des CONSIGNES DE SÉCURITÉ; Lorsque les conditions sont défavorables et qu’elles ont été clairement signalées comme telles, les surfeurs ne pratiquent pas leur activité (les autres usagers ne sont visiblement pas importunés). Rappelons que le dernier accident n’aurait pas du se produire, car justement les informations avaient été données.
– RESPONSABILITÉ ADULTE DE SES ACTIONS. Et c’est en connaissance de cause et en adulte responsable, capable de décider ou non d’aller en mer, que nous pourrons trouver un équilibre avec la vie sauvage.
Ce compromis entre les pratiques d’activité de nature et les contraintes du milieu trouvent de nombreux exemple dans d’autres lieux et d’autres discipline : ski hors piste; voiles en haute mer, la spéléologie, la plongée…
IL Y A DE LA PLACE POUR LES SURFEURS, IL Y A DE LA PLACE POUR LES REQUINS, … il n’y a pas à faire de choix, on prend les deux ! Simplement de temps en temps, humblement, les hommes doivent renoncer à leur activité pour laisser place aux autres, surtout dans une réserve marine.
La liberté ne consiste pas à satisfaire toutes nos envies en supprimant tout ce qui nous gène, toutes les contraintes. La liberté se développe, au contraire, dans l’apprentissage et l’acceptation de ces contraintes.
François SARANO
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Bonsoir,
En réponse à Steph, je me permets de ne pas être d’accord. Toujours plus de stands, toujours plus de visiteurs, tous les thèmes autours de la plongée sont représentées, de nombreuses conférences…un lieu de rencontre pour professionnels et passionnés. SOUVENEZ-VOUS avant 13 ans, le salon n’existait pas et nous avions droit à un “espace plongée” au salon nautique de Paris limité à qques vendeurs de materiel. Que dire de cet écart!!! Que de progrès depuis. On sera tous au 14 ème salon!